Les ONG, qui appellent Apple à améliorer les conditions de travail chez ses sous-traitants, s'interrogent déjà sur l'indépendance de l'organisation chargée de mener des audits en Chine.
Les organisations de consommateurs, qui pressent Apple d'améliorer
les conditions de travail dans les usines de ses sous-traitants en
Chine, attendent désormais des résultats concrets. Lundi, elles ont
réagi avec prudence aux nouvelles mesures annoncées par Tim Cook, le PDG du
groupe informatique, pour garantir que les ouvriers qui assemblent
l'iPhone et l'iPad aient «droit à un environnement de travail juste et
sûr».
Les engagements d'Apple sont en apparence substantiels.
L'entreprise californienne, confrontée à un mouvement de défiance sans
précédent et à des manifestations la semaine dernière devant ses
magasins à New York, Londres ou Sydney, a décidé d'ouvrir les usines de
ses sous-traitants à des experts de la Fair Labor Association (FLA), une
association internationale de défense des droits des ouvriers, chargée
de réaliser un audit d'ici un mois.
Pour ce faire, la FLA va
interroger «des milliers d'employés sur leurs conditions de vie et de
travail, y compris la santé, la sécurité, la rémunération, les heures de
travail et la communication avec la direction», détaille Apple dans un
communiqué. Les inspecteurs vont ainsi «examiner les lieux de travail,
les dortoirs et les autres installations», dont les usines géantes du
taiwanais Foxconn, et étudier les documents détaillant les procédures de
travail des usines.
Un débat sur l'indépendance de la FLA
Interrogée
par le magazine Wired, une responsable de l'organisation
Change.org, qui a co-organisé les manifestations la semaine dernière
devant les Apple Store, avoue qu'elle ne s'attendait pas à une réaction
si rapide d'Apple face à cette polémique. «Il est particulièrement
enthousiasmant que ces audits soient transparents et publics», explique
Sarah Ryan, dont le site accueille une pétition signée par plus de
200.000 internautes, où Apple est invité à concevoir des produits
plus «éthiques».
Le choix de l'organisation chargée de mener ces
audits fait cependant débat parmi les détracteurs d'Apple. La FLA
regroupe des universités, des ONG, mais aussi des industriels,
principalement dans le secteur de l'habillement, qui la financent et
font peser des soupçons de partialité sur ses travaux. «La FLA n'est pas
réputée pour mener des enquêtes efficaces», assène le directeur
exécutif de SumOFUs, qui accompagne Change.org dans la
mobilisation contre le groupe informatique.
Depuis sa création en
1999, la FLA a inspecté plus de 1300 usines en Asie et en Amérique
Latine, dont 190 l'an dernier, soit 4% des sites utilisés par ses
membres. Dans le New York Times, son président met en valeur
ses succès contre l'emploi de mineurs, les mauvaises conditions
sanitaires ou les discriminations à l'embauche. Une porte-parole de Nike
juge que l'organisation a joué un rôle «très important» dans
l'instauration de meilleures conditions de travail.
Des contrats suspendus en cas d'infraction
Les résultats des audits de la FLA
n'ont quoi qu'il en soit pas de force coercitive. L'effet des
inspections dépendra des actions engagées par Apple, qui mène déjà des
contrôles de son côté. L'an dernier, l'entreprise a réalisé 229 audits
chez ses sous-traitants, 80% de plus qu'en 2010 (voir pdf). Ces enquêtes lui ont permis de déceler
six cas de travail de mineurs, 93 usines où plus de la moitié des
ouvriers travaillaient plus de 60 heures par semaine et 112 sites où les
produits chimiques n'étaient pas maniés dans des conditions
convenables. Une dizaine de contrats avec des fournisseurs, qui ne
respectaient par son code de déontologie, ont été suspendus.
Ces
efforts n'ont jusqu'à présent pas été suffisants pour éteindre les
critiques. Dans une longue enquête qui a ravivé la polémique en
janvier, le New York Times a décrit un système pressant les
fournisseurs à «faire des économies», en «remplaçant les produits
chimiques coûteux par des alternatives bon marché, ou en poussant leurs
employés à travailler vite et plus longtemps». Début 2011, quatre
ouvriers de Foxconn sont morts dans l'explosion d'un bâtiment, due à une
accumulation de poussière d'aluminium.
Apple paraît pourtant
pressé de résoudre ce problème. «Il s'agit du défi le plus important
auquel est confronté [l'entreprise] aujourd'hui», a
commenté mardi le blogueur John Gruber, fin connaisseur de la
marque. Pour l'instant, son image ne paraît pas en souffrir. Aux
États-Unis, Apple disposait l'an dernier de la meilleure réputation
parmi les grandes entreprises, devant Google, Coca-Cola, Amazon et Kraft
Foods, selon un sondage annuel mené auprès de 17.000 Américains par Harris Interactive.
( Source : http://www.lefigaro.fr/hightech/2012/02/14/01007-20120214ARTFIG00635-les-engagements-d-apple-en-chine-accueillis-avec-reserve.php )
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